C’était le week-end dernier.
C’est toujours un grand moment pour moi de faire cette course très particulière.
Plusieurs raisons à cela :
1/ C’est la première course à laquelle je me suis inscris en 2010.
2/ Le parcours de cette Grande Classique est très particulier : les fortes côtes (à commencer par la Côte des Gardes) et surtout les grandes descentes sous les bois en font une épreuve singulière.
3/ Cela représente pour moi le premier rendez-vous de la rentrée permettant de jauger mon état de forme avant les vrais objectifs de fin d’année : un marathon et toujours la SaintéLyon en décembre.
Cette année Paris Versailles s’inscrivait à la fin d’une période de lourde charge d’entraînement pour cause de « prépa » d’un marathon à venir (le 12 octobre). Le tapering de cette prépa (entendre baisse du volume d’entraînement) n’est prévu que le lendemain de l’épreuve. Et c’est après avoir cumulé 350 kms sur les 4 dernières semaines que j’envisage de prendre le départ de cette course, un peu anxieux. Sur les deux semaines précédentes j’ai cumulé plus de 200 bornes ce qui est un peu beaucoup pour moi (en tout cas inédit). Je crains de manquer réellement de jus.
RÉVEIL MATIN
Déjà une première surprise au lever en prenant mon poids : celui-ci est inférieur à 63 kg. Cela révèle que mes stocks de glycogène sont au plus bas malgré les risotti et pâtisseries avalés la veille (Salon de thé Jean Paul Hévin : que je recommande). Manifestement cette charge de glucide était insuffisante. Alors durant mon petit déjeuner j’ingurgite deux bananes : aliment déjà testé avant des sorties longues avec succès (enfin…sans inconfort).
ARRIVÉE AU DEPART
Il est 9 heures lorsque je me retrouve au stade Emile Anthoine situé au pied de la Tour Eiffel. Mon souci du moment … « où sont les toilettes ? » J’ai toujours la crainte de devoir m’arrêter 500 mètres après la ligne de départ. Et puis côté ambiance / organisation c’est toujours le même rituel, toujours les mêmes speakers sur le podium dont les interviews – passionnantes et profondes – sont relayées par les enceintes. Dominique Chauvelier est fidèle au poste pour nous dire à quel point il aime cette épreuve. Le speaker avec l’empathie d’une huître présentant la catégorie handisport nous fait une belle perle en demandant à Sophie « Alors Sophie vous considérez-vous comme aveugle ou malvoyante ? ».
Après finalement plusieurs stops toilette je prends place dans le sas préférentiel grâce au partenariat runnosphère et l’organisation. J’y croise Jahom, Noostromo (à qui je dois ma place dans le sas préférentiel et que je remercie) Salvio et ma fée Maya.
DÉPART ET AVATARS
Et c’est parti juste après le départ des élites. Je pars sur un rythme assez soutenu – pour moi – d’environ 4min 20s au kilo. Mais je suis finalement gêné par trois choses : ma ceinture cardiaque Polar, ma montre Polar et ma vessie. Donc réglons les problèmes l’un après l’autre. Pour la ceinture Polar : je suis gêné, elle n’arrête pas de glisser. Je me comporte telle une nana qui remonte son soutien-gorge en train de courir. C’est juste insupportable. Finalement la ceinture se détache. Il m’est impossible de la remettre, je décide de la tenir dans la main sur toute la course (donc je n’aurai aucun enregistrement cardiaque). Deuxième problème : ma montre Polar RS 800CX a un faux contact depuis que j’ai changé la pile il y a un mois. Et lors de cette course elle n’arrête pas de faire des Laps (pas loin de 99) toutes les secondes en faisant un bip, c’est pénible et je ne sais pas quoi faire. Donc je décide d’attendre que la mémoire sature.Troisième problème : je suis contraint de m’arrêter pour me soulager au bout de 2 kms (combien de secondes de perdues ?). Pourtant ce n’est pas faute d’avoir pris mes précautions avant le départ mais c’est comme ça…
LA COURSE EN CONTINUE
Finalement je prends pas mal de plaisir sur la suite de la course sur la partie des quais. Je croise Noostromo et cours auprès de lui quelques centaines de mètres. Je sais qu’il est blessé et continue à mon rythme.
Et voilà la fameuse Côte des Gardes : cette fois elle ne me semble pas plus longue que dans mon souvenir, au bout de la quatrième participation celle-ci me devient familière. Arrivé au sommet, je prends un sucre et boit une gorgée d’eau. Et c’est parti pour la descente. Il ne faut pas croire, c’est très dur une descente, les muscles sont sollicités en excentrique pour lutter contre la gravité…c’est d’autant compliqué que je n’ai fait aucun entraînement permettant de solliciter mes muscles de cette manière depuis 4 mois. Mais ça passe.
Ravito suivant : encore une gorgée d’eau et un sucre. Il fait très chaud, je m’asperge complètement avec la bouteille. Puis vient le cimetière de Viroflay (14ième km) et là je fais presque du surplace sur cette dernière montée. Un peu cramé je suis… Finalement je reprends des couleurs dans la dernière descente avant le grand virage à droite menant sur l’avenue de Paris pour les derniers 1500 mètres en faux plat qui font mal.
Un petit Clic Clac (photos) qui sollicite l’esprit cabotin qui me caractérise pour penser à autre chose que sa souffrance.
Et je jette pour la première fois un petit coup d’œil à ma montre pour le verdict : 1h 10min et il reste quelques centaines de mètres.
FINISH
C’est terminé en 1h 12min 3s ; oui je sais c’est un peu rageant ces 3 secondes. C’est ma meilleure marque sur cette épreuve. Finalement j’avais du jus. C’est plutôt de bon augure pour le marathon de Chicago prévu le 12 octobre prochain. D’ici là il y a le semi-marathon de Lyon le WE prochain pour ma dernière sortie (un peu longue) me permettant d’effectuer les derniers réglages.
STATISTIQUES DE TOUS MES PARIS VERSAILLES (c’est vraiment passionnant vraiment !)

QUELQUES CHIFFRES / REFLEXIONS EN BREF :
1/ J’ai couru cette épreuve en 4min 30s au km alors que je n’ai plus couru à une allure aussi rapide depuis le 5 août, date de ma dernière séance de fractionnés.
2/ 95% du cumul de mes kilomètres courus lors de mes 4 derniers mois de course à pied l’ont été à des intensités plus faibles que 5min 50s / km (range de 5min 50s – 6min 40s pour être précis). Donc oui, courir lentement semble avoir du sens dans une optique de performance, même pour des épreuves courues au seuil telle que Paris Versailles. Et les 5% restants ont été courus à des intensités comprises entre 4min 40s et 4min 50s au km.
3/ J’envisage de courir le marathon de Chicago à 4min 55s au km… Mais à aucun moment de mon entraînement je n’ai couru à cette vitesse spécifique. J’ai couru soit beaucoup plus lentement (95% du temps), soit plus vite (5% du temps). C’est le principe de l’entraînement polarisé.
4/ Quel est l’impact de mon poids sur ma performance ? Notions de Variable Explicative vs Variable Corrélée.
On peut constater sur le tableau qu’il y a une relation entre ma performance et mon poids. Les deux meilleures perfs correspondent à mes deux pesées les plus faibles. Question :
Mon poids est-il une variable explicative ou corrélée (pas la même chose !) à la performance.
Si c’est une variable explicative, cela signifie que la perte de poids (toutes choses égalent par ailleurs) a réellement un impact sur la performance en améliorant ma « running economy » (courir plus léger c’est important). Mais cela peut être une variable seulement corrélée (et non explicative !).
En fait, peut être que la véritable variable explicative est le cumul de kms courus à l’entrainement. Or il s’avère que lorsque l’on court beaucoup on perd du poids, certes, mais que finalement ce dernier facteur n’est pas en soit explicatif. En conséquence l’unique objectif de perdre du poids pour performer peut dans mon cas être un leurre … En revanche la vraie variable explicative de la performance c’est surtout de courir beaucoup de bornes à l’entrainement.
5/ Par rapport à ma performance de 2011, mon classement relatif au scratch (général) est finalement quasi identique (5% contre 6% = aucune différence statistiquement significative), en revanche le fait d’avoir changé de catégorie (passage en VH1) me permet de passer de 9% à 6% (un peu plus significatif). Donc oui, le niveau des VH1 est un peu plus faible globalement que les SH.
6/ Mon ami Phil., avec qui je vais partager le départ pour courir Chicago, bien qu’ayant couru dans d’autres vagues que moi, enregistre le même temps que moi à la seconde près. Si j’vous jure, regardez le tableau ci-dessous !!! Et finalement je suis mieux classé que lui ! A noter qu’il y a une femme entre nous.