SaintéLyon 2011 : le récit

LA PREPARATION

Samedi matin, je reste au lit jusqu’à 10 heures. J’y retourne à 14 heures pour une petite sieste de 1h30 qui ressemble plus à de l’assoupissement qu’à autre chose.

Départ en voiture de Lyon pour Saint-Etienne à 17h30. Je suis accompagné de ma femme et de ma belle-mère. Il est hors de question pour moi de prendre le volant. Il pleut, la visibilité est très mauvaise et la conduite de la voiture requiert une grande attention et énergie que je n’ai pas envie de fournir avant le départ de la course. C’est donc ma femme qui s’y colle gentiment. J’essaie de fermer les yeux et de me reposer sur le siège passager. Impossible de me détendre réellement.

Arrivé au Halle des expositions à 18 heures 30 environ : aucune file d’attente pour le retrait du dossard. Numéro 662.

Une fois l’enveloppe avec tout le matériel en main, direction Villars à une dizaine de minute en voiture pour rejoindre de la famille (Yves et Fred) pour le dîner.

Leur maison est très agréable et c’est un privilège de se réchauffer près d’une cheminée plutôt que d’attendre le départ dans la Halle des expos. En ce qui me concerne le repas sera composé d’un plat de pâtes avec une cuillérée d’huile d’olive.

21 heures : Tentative de faire une petite sieste ou tout du moins de s’assoupir sur un canapé du bureau. En fait je sens l’adrénaline qui commence à monter. Plus j’essaie de me détendre et plus je sens mes pulsations cardiaques augmenter…comme pour me contrarier.

21 heures 30 : C’est le moment de se changer. Il pleut toujours. Je suis résolu à partir avec la troisième couche imperméabilisée en Gore Tex. Je me sens moyen en forme, un peu mou. Physiquement cela va pas mal, en fait je ne me sens pas déborder d’énergie, un peu comme si j’étais branché à un moteur diesel.

22 heures 15 : ma femme et ma belle-mère me laissent et repartent sur Lyon. Rendez-vous est pris pour qu’elles soient sur le parcours à Sainte-Foy-lès-Lyon pour un « changement des pneus au stand » (c’est-à-dire les chaussures) aux alentours des 7 heures du mat. Si tout va bien.

22 heures 45 : Yves, Fred et leur deux ‘tit bouts de choux m’accompagnent pour le départ.

23 heures : Innovation pour cette année. Le speaker invite tous les coureurs à se regrouper pour aller se positionner devant le stade de Geoffroy Guichard. Il faut environ 15 minutes pour atteindre l’aire de départ devant le stade. La pression monte petit à petit. Il pleut encore et toujours même si ce n’est qu’une pluie très fine.

Minuit : Enfin les fauves sont lâchés. Plus de 4000 coureurs du raid individuel s’élancent tel un gros peloton bien compact sur la route bitumée en direction de Sorbiers (première commune juxtaposée à St Etienne)

J’ai toujours d’étranges sensations –mauvaises – lors de mes premiers kilomètres de course et cette épreuve n’échappe pas à la règle. Toute l’année j’ai couru avec des chaussures très légères (Saucony Kinvara) et le fait de battre le bitume avec des Asics Trabuco GTX est assez désagréable. Au bout de 1000 mètres j’ai déjà les mollets qui commencent à chauffer. Vivement les sentiers et le dénivelé pour changer de rythme ! Cette traversée de Saint-Etienne, outre le fait qu’elle ne présente pas beaucoup d’intérêt au niveau esthétique et visuel s’avère un peu pénible. Vient assez vite la toute première difficulté avec la montée sur Sorbiers qui se négocie assez bien.

Et puis très vite on attaque les portions de sentier juste après le 8ièm km. Je commence enfin à me sentir en jambe grâce à la succession de marche rapide lorsque le degré de la pente est vraiment très fort puis le rythme de course sur les faux plats. Je vais commencer à prendre un gel Mule Bar ou du nougat ou du sucre selon le rythme prévu à savoir toutes les 45 minutes.

Ca y est, on vient de quitter le monde urbain et son bitume pour être propulsé, enfin, au cœur de la SaintéLyon. J’ai enfin la réponse à la question que je me pose depuis 48 heures : dans quel état sont les sentiers de terre étant donné les précipitations qui se sont abattues depuis jeudi ?

Et bien ils sont complètement boueux et glissants et je me félicite d’avoir choisi mes Trabuco, limite j’exulte d’avoir fait cet excellent choix !

Mon état de forme : sur les sentiers je suis dans mon élément. Je me sens très bien. J’arrive à négocier particulièrement bien les légères descentes très glissantes, l’accroche des chaussures est exceptionnelle et en fait cela m’amuse.

Et très vite, arrive Saint Christo en Jarrez pour le premier ravitaillement (et premier pointage chrono  officiel)

Premier pointage à Saint Christo-en-Jarrez au Km 16

Chrono depuis départ : 1h38

Classement : 1021

Allure de la portion : 6.08 min/km

J’arrive à St Christo avec 15 minutes d’avance par rapport à l’année précédente. Alors oui, on peut clairement dire que le terrain est beaucoup moins difficile cette année. Il est très net que la neige l’année dernière nous faisait perdre un temps substantiel. Et au fait ? Il ne pleut plus ! Je ne m’en suis même pas aperçu !

Je ne reste pas très longtemps au ravitaillement (à peine 30 secondes). Je ne ressens aucunement le besoin de souffler. Et comme je suis chaud je poursuis le chemin.

On attaque une nouvelle pente, c’est assez sévère. On se remet à marcher. Je me sens très très bien. On a toujours des successions de belles montées à fort degré où l’on se met à marcher rapidement et des légères descentes, avec un sol très gras et boueux, qui nécessite une grande attention et surtout une bonne visibilité (merci à ma lampe Petzl Myo RXP). Les descentes sont pour moi l’occasion d’accélérer à fond et de doubler pas mal de coureurs. C’est dans cette partie que nous observons le plus beaux des points vue de la SaintéLyon, où nous apercevons la procession de lumières des coureurs devant nous et derrière nous à plus d’un kilomètre. Et nous arrivons à Moreau, point de passage qui avait été supprimé l’année dernière pour cause de congères (source : Endurance Trail spécial STL remis avec le dossard).

Envoie d’un SMS sous l’effet de l’euphorie à 1h42 à l’attention de ma femme : »Le pied ! »

Deuxième pointage à Moreau au Km 22

Chrono depuis départ : 2h21

Classement : 901

Gain de places : 120

Allure de la portion : 7.09 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.25 min/km (perte de 0.17 min/km)

Espace très exigüe où je ne remarque qu’une tente pour les services de secours et une autre pour boire ; Je n’en ai pas besoin car ma poche à eau a été remplie à 1.5 litre. J’ai juste besoin de reconfigurer mon sac pour sortir les Fuel Mule Bar du sac à dos vers les poches situées sur le devant. Et comme j’ai la pêche je veux repartir très vite.

C’est parti pour Sainte Catherine. Encore une montée qui nous mènera au point culminant. Puis vient la descente sur Sainte Catherine sur un sentier très technique et glissant. Et là je vais ressentir une des plus grandes émotions de ma course. Cela nécessite une très grande concentration pour éviter tous les pièges, ne pas glisser. Trois personnes devant moi coup sur coup tomberont par terre en moins de 10 minutes. « Cela va ? » « Oui, merci ! ». Quant à moi je m’envole sur les descentes. Un vraie bonheur, comme l’année dernière sur la même partie du parcours.

Envoie d’un SMS à l’attention de ma femme à 2h45 : « je cartonne… »

Et nous voici à Sainte Catherine, je n’ai pas vu le temps passer.

Troisième pointage à Sainte Catherine au Km 28

Chrono depuis départ : 2h57

Classement : 904

Perte de places : 3

Allure de la portion : 6.08 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.21 min/km (gain de 0.03 min/km)

Pour rappel, l’année dernière avec les conditions exceptionnelles de neige j’étais arrivé à Ste. Catherine à 3h26 du matin. Oui, je confirme à Doune, cette année le terrain nous permet d’être plus rapide.

Je ne reste pas longtemps. Je ne prends toujours rien au ravito, de toute manière je suis autonome aussi bien du point de vue nourriture que boisson (enfin presque). C’est reparti illico presto.

Et là c’est la surprise quand même. Je ressens un bon coup de mou lors de la montée. C’est une grosse frayeur, je ressens une vraie baisse d’énergie qui me rappelle le burn out du marathon de Paris. Cette sensation qu’on te débranche la batterie et qui te force à marcher. Je me calme, décide de trotter et d’avancer l’assimilation d’une demi barre de Fuel Mule Bar de 30 minutes (alors que j’ai un timing précis pour manger ; toutes les 45 minutes !). Je marche dans la montée puis arrive la descente en direction du Bois d’Arfeuil. Et là je me refais une santé ! La pente du bois d’Arfeuil est forte, les obstacles (grosses pierres) nombreux et je me mets à sauter comme un cabri. C’est dans ces moments que je mesure à quel point la PPG et les exercices de gainages sont importants. Je sens que les abdominaux sont fortement sollicités. Je laisse la gravité me faire avancer, me laisser tomber et je fais en sorte de ne pas freiner avec les jambes. Ce sont les muscles du haut du corps qui me permettent de rester d’aplomb en équilibre et de ne pas glisser. Je double un nombre important de coureurs en difficulté sur cette partie de la course.

Mais la forte montée en direction de Saint Genoux me mine un peu. J’ai la sensation d’avoir laissé un peu trop de jus dans « l’éclate » du Bois d’Arfeuil. Je me remets à marcher. Le ravito se fait attendre, le temps passe lentement désormais. Enfin, nous arrivons à Saint Genoux.

Envoie d’un SMS à l’attention de ma femme à 3h52 beaucoup moins enthousiaste : « C’est là que tout commence ! »

Quatrième pointage à Saint Genoux au Km 37

Chrono depuis départ : 4h05

Classement : 714

Gain de places : 190

Allure de la portion : 7.30 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.38 min/km (perte de 0.17 min/km)

Bon et bien je me sens quand même bien entamé. Il y a beaucoup de public dans ce coin. On contourne un petit terrain de sport avant d’entrer au ravito. Je n’y fais que passer. Je réaménage rapidement mon sac. Et on attaque une montée qui est très rude et là je sens bien que cela va être très très difficile. Je me mets à marcher. Après cette forte pente nous commençons à initier la descente vers Lyon. Cette descente en direction du prochain stop de Soucieux est assez monotone et je commence à souffrir très sensiblement. C’est simple, je n’arrive plus à faire monter mes pulsations cardiaques. Je ressens un vrai vide énergétique. Pourtant je mange mes barres qui d’ailleurs commencent à bien m’écœurer. Je dois fournir un vrai effort de la volonté pour me mettre à courir alors que jusqu’à Sainte Catherine j’étais sur un tapis volant, comme si courir était jusqu’alors un réflexe conditionné… et bien maintenant il faut que je me concentre et « me forcer » à courir, et cela me pompe une grosse énergie.

Finalement à quelques kilomètres de Soucieu je ressens un retour en grâce, j’arrive à pédaler un peu mieux… et voici l’avant dernier ravito 1 heure après avoir quitté St Genoux.

Cinquième pointage à Soucieu en Jarrez au Km 46

Chrono depuis départ : 5h04

Classement : 686

Gain de places : 28

Allure de la portion : 6.31 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.37 min/km (gain de 0.01 min/km)

Je m’arrête plus longtemps à ce ravito que j’attendais telle une oasis. En effet, je ne peux plus du tout manger de sucre, je suis écœuré. En revanche j’ai une envie de salée. Et il y a des tranches de saucissons sur lesquelles je me jette. Cela fait un bien fou. Et c’est reparti pour ce qui sera un chemin de croix. Les jambes font très très mal au moment du redémarrage, oui il est coutume de dire que la SaintéLyon commence à Soucieux et bien pour moi la pêche et la forme s’achèvent là. Je repars en claudiquant avec les tendons de mes ischio jambiers en feu.

Bientôt un panneau nous indique qu’il reste 20 Kms à courir. Pour moi cela signifie qu’il reste 10 kms d’ici Sainte-Foy-lès-Lyon où je serai en famille, une première étape importante avant la fin de l’épreuve.

La suite est une succession de marches et de petits trots. J’attends le moindre faux plat pour arrêter de courir et reprendre des forces en marchant. Je reçois régulièrement des SMS de mon père me faisant la récapitulation de mes temps de passage et classements qu’il vient de consulter sur internet. SMS de mon père reçu à 5h32 : « Arrivée probable 8 h … ça roule ! »

Sauf que non, cela roule plus du tout ! Je suis COMPLETEMENT A-MOR-TI.

Il y a des descentes assez rudes également et là il n’est plus question pour moi de faire le malin avec mes muscles du haut du corps car je m’aperçois que dans cet exercice les muscles des jambes sont indispensables pour jouer au cabri…et les muscles de mes jambes m’ont dit STOP ! Paradoxalement j’attends les montées pour me mettre à marcher et constater aussi que les autres marchent comme moi. Les plats et descentes deviennent pour moi des épreuves où je dois faire des efforts pour ne pas être lâché par les autres coureurs. Car zut ! Il y en a qui ont encore du jus à en croire la vitesse à laquelle ils se mettent à me doubler. Passage à Chaponost, puis bientôt Sainte-Foy ou tout du moins au pied de la côte de Beaunant. Coup de fil à ma famille pour qu’elle se mette en marche pour mon ravito perso. et le changement des pneus au stand.

Sixième pointage à Beaunant au Km 58

Chrono depuis départ : 6h35

Classement : 662

Gain de places : 24

Allure de la portion : 7.38 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.49 min/km (perte de 0.12 min/km)

Je reste 30 secondes au ravito pour prendre deux verres d’eau, je suis assoiffé, c’est bizarre comme avec le temps et  la fatigue on ne ressent même plus le besoin de boire le liquide de sa poche à eau.

Ca y est je suis au pied de la fameuse pente de Beaunant, chouette ! Je vais pouvoir me mettre à marcher encore sans culpabiliser ! C’est parti pour la grimpette qui tue. Coup de fil de ma femme qui est déjà au point de rendez vous. « Tu es bientôt arrivée ? … Ah bon tu marches !? » Euh oui comment te dire, tout le monde marche sur cette côte, enfin !!

En haut de la côte le long du cimetière et de l’hôpital, la pente est beaucoup moins rude et les coureurs se mettent à courir, zut alors !! Allez je me fais violence pour me remettre à trotter. Je vois ma famille : c’est parti pour le changement de chaussures, oui mais impossible pour moi de me pencher, j’ai besoin d’aide : changement de chaussette, de chaussures, et attention de bien récupérer la puce. Je laisse mon sac à dos aussi. On s’embrasse et c’est reparti. Temps total de l’arrêt au stand : environ 4 minutes mais beaucoup de coureurs m’auront dépassé durant cet intervalle.

Je ressens de drôle de sensations, et notamment de légèreté. Je suis remis en selle. On attaque la descente en direction des quais de Saône et là je mets le turbo. Une vraie bombe pendant les 2 kms qui longent une route. Des panneaux nous indiquent qu’il faut bien courir sur le trottoir, puis c’est chemin de Fontanières où mon beau père m’attends pour me saluer et me ravitailler en nougats « désolé, mais le sucré je ne peux plus ! ». Puis je le quitte et sur le bas de Chemin de Fontanières avant d’attaquer les tous derniers escaliers : Grosse douleur à l’extérieur du genou gauche à l’instar de l’année dernière. C’est l’arrêt brutal et net, je ne peux plus courir dans la descente sur les quelques centaines de mètres qui reste d’ici le Pont Kitchener. Je marche alors jusqu’au dernier point de contrôle dans Lyon.

Septième pointage à Lyon (quai de Saône après le Pont Kitchener) au Km 64

Chrono depuis départ : 7h25

Classement : 781

Perte de places : 119

Allure de la portion : 8.16 min/km

Allure cumul depuis le départ : 6.57 min/km (perte de 0.08 min/km)

Il reste 4 kilomètres, ce sont les plus difficiles de tout le parcours pour moi. C’est un vrai supplice d’antant que je sais que la barre des 8 heures c’est jouable si je cours…Mais pas du tout jouable si je me mets à marcher. Mon corps me hurle d’arrêter de courir, mes jambes me font un mal de chien. Je puise dans les tréfonds de mon corps une énergie que je n’ai plus. Je n’arrête pas d’être dépassé par des coureurs et je ne dépasserai plus jamais personne. Elle est loin cette confluence… Nous longeons le quai Charlemagne, qui s’écoule lentement lentement. Je suis contraint de marcher un peu tous les 100 mètres. Je vois au loin le Pont en fer de la Mulatière qui enjambe la Saône, trop loin… Et là je me dis très nettement, « Plus jamais je ne courrai la SaintéLyon, plus jamais, qu’on ne m’y reprenne plus ! C’est ignoble de souffrir comme ça ! »

Et puis la Confluence, enfin et un petit regain d’énergie, un petit rien qui fait que je vais courir jusqu’à la fin. Nous remontons le quai du Rhône, puis le Pont Pasteur, cela dit je suis chez moi, j’ai l’habitude de courir lorsque je suis à Lyon sur ce Pont ainsi qu’à Gerland. C’est familier tout ça pour moi, cela me fait un bien fou. En quittant le Pont Pasteur un bénévole voyant la souffrance sur mon visage me lance, « tu es dans les 8 heures mon gars, c’est bien il reste 1.5 km à peine ! ». Ces 1.5 kms vont être pour moi un supplice, je n’arriverai pas à accélérer et je suis résigné…ce n’est pas grave si je fais 8 heures et un peu plus, c’est déjà pas mal comme perf. Tant pis, je suis content…Nous somme dans le parc de Gerland que je connais comme ma poche sauf qu’en général c’est mon parcours d’échauffement où je suis tout fringuant, avant d’aller en direction du Parc de la Tête d’Or. Et là je suis une vraie carpette. Il reste 500 mètres. Les coureurs autour de moi se mettent à accélérer. Comment font-ils ? Je ne pourrai pas, je continue mon train de sénateur. Ca y est cela s’approche. Laetitia est là pour m’encourager dans les derniers 50 mètres. J’entre dans le Palais des Sports, c’est fini, c’est gagné. Je pense avoir fait 8 h 2 minutes. Je ne saurai que 1 heure plus tard sur internet que mon temps est de 7 h 59 min 8 secondes (soit une allure de 7.03 min/km depuis le départ) avec 39 places de perdues sur la dernière partie (soit 820 ieme).

Juste après la ligne d’arrivé je fonds en larme, un trop plein d’émotion qui déborde. Bon sang que cela fait du bien.

Je croise Julien qui a fait un temps canon. Les larmes continuent à couler. Je le mets un peu dans l’embarras. Il me demande si ma famille est là…oui elle est là.

30 minutes après on est de retour « à la maison » sur la pente de Sainte-Foy avec vue au loin là bas, au-delà de Saône et Rhône le dôme du palais des sports de Gerland.

Elle me plaît cette course, j’attends le bordereau de réinscription avec impatience.

QUELQUES CHIFFRES / COMMENTAIRES PELE MELE :

  • 4626 coureurs au premier ravito / 4096 à l’arrivée => taux d’abandon de 11%
  • Classement perso. : 820 ième position au scratch au finish parmi 4096 coureurs à la fin donc dans les 20% au scratch, je termine de facto dans le « FirstQuartile » (on ne connaît pas le nombre de coureurs au départ officiellement)
  • Dans ma catégorie SH : mon classement 438ième sur 1750 à l’arrivée soit dans les 25%…tout juste dans le « FirstQuartile » 😉
  • Courir en moins de 8h30 c’est la SAINTE DE BRONZE…pour la SAINTE d’ARGENT il faudra faire en dessous des 7h30.
  • 20% des coureurs ayant terminé ont fait moins de 8 heures cette année contre 15% l’année dernière mais le taux d’abandon en 2010 avait été de 27%
  • 201 places de gagnées entre le premier ravito et la finish line avec un pic de 359 places gagnées à Beaunant
  • Les Trabuco GTX indispensables pour ce type de sentiers boueux
  • Le changement de running à Sainte-Foy pour des Kinvara Saucony (donc un changement d’appuis pour un organisme qui a été fortement sollicité), est-ce vraiment une bonne idée ?
  • J’aurai bu environ 1.7 litres d’eau en tout (assez, pas assez ?)
  • ½ barre de Fuel Mule Bar ou sucre ou Gel Mule Bar toutes les 45 minutes c’est pas mal mais au bout de 6 heures, l’organisme n’en peut plus.
  • Une course où l’on alterne entre euphorie et désespoir, mais c’est le lot de tous les trails non ?
  • Pour la frontale, impérativement 140 lumens pour moi surtout dans les sentiers super techniques (descente sur St Catherine, bois d’Arfeuil)
  • Je m’éclate dans les descentes, un très gros point fort pour moi, bonne proprioception au niveau de mes chevilles, je n’ai jamais dérapé « ni ripé »
  • Le gainage et le travail des abdos c’est essentiel pour lâcher les chevaux dans les descentes
  • Je n’avais aucun plan de course
  • A partir de Soucieu commencent les soucis (OK elle est facile celle-là)
  • Lisez les comptes rendus de course de Tercan, Julien, Noob coureur, Greg runner, Djailla, Noostromo,…

Un objectif de 7h45 pour l’année prochaine ? Chiche !

SaintéLyon 2011 : le matériel et l’objectif de performance

On en sait un peu plus sur le temps qu’il fera : il a plu et il pleuvra. En revanche le seul moment de la SaintéLyon où nous n’aurons pas de pluie sera le moment du retrait du dossard.

Les sentiers sont gras et il y aura de la boue.

LES CHAUSSURES :

Pour moi cela résout mon dilemme Saucony Kinvara vs Asics Trabuco GTX 13ième du nom : ce sera les Trabuco jusqu’à Sainte-Foy-lès-Lyon pour un changement au stand (la ‘tit famille sera là) pour switcher sur les Saucony me permettant de faire les 11 derniers kms avec mes chaussures légères favorites.

Alors oui, se mettre au Trabuco sur du bitume c’est un peu comme si je me mettais à courir avec des chaussures de ski…mais je n’ai pas le choix les Kinvara Saucony prennent l’eau sur du simple gazon mouillé par la rosé et n’adhèreront pas suffisamment dans la descente du bois d’Arfeuil qui sera une vraie pataugeoire de gadoue.

LE TEXTILE : DE FALKE ET GORE VETU

Là j’ai un matériel dans le quel j’ai toute confiance composé de deux marques, allemandes toutes les deux.

Tout d’abord à l’instar de l’année dernière :

la première couche FALKE Athletic (95% polyamide 5% Elastane) mais à manches courtes cette fois (inutile de mettre le modèle manches longues il ne fait pas assez froid).

La deuxième couche manche longue : Falke Mika (80% Polyamide, 18% Polypropylene, 2% Elastane); Très isolante grâce au Polypropylene qui lui donne des propriétés déperlante, le polyamide lui permettant d’évacuer la transpiration.

Pour une pluie forte : La troisième couche : Gore Tex en version « simple coupe vent imperméabilisé » (je ne me souviens pas du nom du modèle) qui restera dans un premier temps dans le sac à dos.

Gants et bonnet : Gore Tex

Le buff de la SaintéLyon de l’année dernière et un autre « autour du cou » en polaire (à voir en fonction de la température)

Le sac à dos avec poche à eau de la marque Lafuma acheté lors d’une veillée du bois super pratique avec ses poches un peu partout.

LA LAMPE FRONTALE

Une Petzl Myo RXP à 140 lumens en régime de croisière ce qui est un changement par rapport à l’année dernière où j’avais une Tikka 2 plus (50 lumens). En fait lors d’un »e veillée du bois j’avais eu un choc à Vincennes en m’apercevant que je ne voyais pas grand chose avec cette lampe. Explication : dans le bois de Vincennes il n’y avais pas de neige comme sur la STL 2010 si bien que l’éclairage me parassait beaucoup moins fort (pour mes yeux il était insuffisant). Sur la STL la neige amplifiait très sensiblement la lumière émise. Cette Myo Xp est parfaite, certes plus lourde mais dont le poids est bien réparti entre la batterie derrière la tête et le bloc lumineux devant.

LA NOURRITURE :

Comme l’année dernière une surreprésentation des produits Mule Bar avec des Fuel et deux gels. Plus du nougat qui me réussit super bien, plus d’autres gels mais j’envisage de prendre du salé sur les derniers ravitos.

OBJECTIF DE PERFORMANCE : DU BRONZE

Assez difficile d’apprécier. L’année dernière j’avais couru à 100% aux sensations, puis il y avait eu la blessure au 45ième Km, la neige et la glace sur tout le parcours, la température à moins 7 degrés, la marche pendant près de 1h30 (je ne me souviens plus trop il faut dire), puis j’avais repris le rythme du trot à 7 min/km pour les 11 derniers kms après avoir laissé mes chaînes YakTrax à mes « supporters » à Sainte-Foy-lès-Lyon.

Mon temps avait été de 9h15.

Donc on va faire l’estimation avec des hypothèses :

Si je ne me blesse pas, je peux retrancher à mon temps de l’année dernière 30 minutes soit 8h45.

Si on estime que le terrain est « plus facile » que l’année dernière et que la neige a vraiment été un obstacle, je retranche 15 minutes soit 8h30.

Si on estime que j’ai un peu progressé par rapport à l’année dernière et que cette progression peut me permettre de gagner 15 minutes que je retranche, j’arrive à 8h15.

Voilà c’est calculé à la grosse louche. Objectif avec tous ces « Si » : 8h15 soit une SaintéLyon de bronze.

QUELLE A ETE MA PREPARATION CES DERNIERES SEMAINES ? PAS VRAIMENT ORDINAIRE COMME EN 2010

Si on considère que le 6 novembre j’ai effectué une sortie longue :-)… j’aurai donc couru deux sorties longue dans le mois. Une à NY et une dans les Buttes Chaumont de 2h15 où j’aurai notamment fait les descentes et les montés une bonne dizaine de fois dont les 4 premiers tours au seuil (jusqu’à toucher FC Max).

En fait comme l’année dernière j’aurai axé ma préparation, pas vraiment spécifique SaintéLyon tel que le conçoivent les plans que l’on peut trouver sur le net, il faut le dire, à faire de l’intensité plutôt que de l’endurance.

J’ai fait pas mal de PPG à la maison notamment en faisant du Crossfit avec sollicitation de Vo2 Max. Des séances très courtes de 12 minutes où tu termines la bave aux lèvres en ayant fait travailler les quadriceps (via des Air Squats) et le haut du corps (ne sert à rien, je sais, pour la CAP). Quant à la course à pied, cela se limitait à deux/trois séances par semaine dont une VMA obligatoire de 12 minutes aussi et une séance de fractionnés au seuil de 1 heure.

Le volume Km par semaine n’a pas dépassé 40 kms (comprenant phases d’échauffement et récup.)

Voilà, j’ai hâte maintenant ! Surtout ne pas oublier le FUN  comme à NY et le plaisir avant tout ! D’ailleurs j’ai commencé le programme « plaisirs avant tout » hier soir en allant dans un petit bouchon lyonnais, rue Neuve, avec des amis pour manger de la cervelle de canuts, de la queue de boeuf et terminer par la fameuse tarte aux pralinés plus du riz au lait. Bref, tout ce qui est conseillé par les diététiciens avant une course non ?

Semi marathon de Paris 2011 : résultat

Première course de l’année qui se termine par une allure globale de 4 minutes 34 le kilomètre maintenue pendant 1 heure 36 minutes 19 secondes (temps de la puce).

Que ce fut difficile !

Oui, en termes d’intensité, cette course fut la plus difficile. A partir du 17 ième kilomètre, le calvaire a commencé mais revenons sur le début…

Bon, les trois premiers kilomètres c’est la pagaille, je m’étais inscrit dans le sas des moins de 1h40 (et plus de 1H35) en ayant une assez bonne appréciation de ma « fair value » me semble-t-il… Pourtant au départ je devais faire face à beaucoup de coureurs qui, bien qu’étant inscrits dans le sas des moins de 1h40 sont partis à une allure de 5.20 pour ne pas dire 6 minutes le kilomètre. Conséquence, les trois premiers kilomètres ont été passés à faire des slaloms, à freiner pour ne pas rentrer dans les coureurs à allure lente (de « mise en jambe » ou « d’échauffement » oserais je dire?). C’est difficile de devoir courir avec des coureurs qui ne respectent pas l’allure qu’exige le choix de leur sas.

Après le quatrième kilomètre on y voit un peu plus clair, le peloton se clairseme et on peut enfin courir à son allure sans devoir jouer au « Stop and Go ».

Tout va bien jusqu’au 10 ième kilomètre (passage en 44 minutes 48)…heu non juste avant j’ai eu maille à partir avec mon gel Mulebar Cherry Bomb qui s’est mal déchiré,  la languette est enlevée mais le liquide ne peut sortir ! Je me mets le tube dans la bouche et appuie très fort pour que cela gicle…à côté. J’en ai partout… sauf dans la bouche. J’arrive à en récupérer une lampée. Et quelques secondes après mon estomac me dit « pas bien ce que tu viens de  m’envoyer là ». Je ressens une légère brûlure qui passera très vite. Et puis c’est bien bon le Mule Bar Cherry Bomb : un gel avalé et ça repart !

A chaque ravito (tous les 5Kms) je ne prendrai que quelques gorgées d’eau pour me rafraîchir la bouche.

Cela ne roule pas trop mal, je suis au seuil du seuil tout le long c’est à dire à deux doigts de l’apoplexie, mais ça tient bien. Je souffle comme un bœuf mais les jambes pédalent sans trop de difficultés. On passe l’Hôtel de Ville et là sur le retour la souffrance se fait un peu plus violente. Un faux plat terrible commence à me scier les jambes. Elles deviennent lourdes, c’est une sensation que je n’avais ressentie dans aucune course précédente, mon corps devient lourd à supporter. Et là je me dis…est-ce que j’ai fait trop de PPG, trop d’abdos, trop de musculation ? Il est vrai que j’ai un kilo de plus qu’en novembre dernier (époque de mon meilleur temps sur le 20 kilomètres de paris) pour le même % de graisse pourtant à 6% ! Mes jambes préféreraient supporter un buste frêle que je n’ai pas.

Et là je perçois une lente dérive de mon allure qui sort de la plage des 4.20 / 4.30 minutes le kilomètre de mon Polar RS 800CX…et quand cela sort et bien le Polar me le fait savoir en bipant (très pénible pour ceux qui courent avec moi…heureusement les voisins de course changent).

A partir du 17 ième 18 ième kilomètre le Polar est là pour me rappeler à l’ordre presque tout le temps ! Et pourtant j’ai beau essayer de me relancer pour faire taire cette montre, impossible.

Je vois passer le ballon des 1h35 au 17 ième kilomètre accompagné d’une nuée de coureurs et je vois le ballon que je ne peux pas suivre continuer sa course.  Je le verrai au loin jusqu’au 20 ième kilomètre. Oui je souffre bien… on me double bien. Heureusement le dernier kilomètre est en pente douce, mon allure augmente enfin, mon Polar arrête de hurler.

Je ne peux pas accélérer malgré la ligne d’arrivée qui s’approche trop lentement.  Allez  je ferai un petit sprint sur les dix derniers mètres pour la forme. C’est terminé.

Un grand merci à ceux qui m’ont suivi sur le net en direct grâce au procédé de balise GPS que je portais (société Championchip). J’y reviendrai mais la connexion n’était pas terrible. Certains  m’ont même perdu de leur radar. J’ai reçu un SMS me disant « alors tu as abandonné ? ». Et quant au temps calculé par le monitoring il s’est déclenché au coup de canon et non au franchissement de la ligne de départ d’où un temps de 1h39. Un peu décevant comme système mais au final assez amusant pour moi de revoir la course une fois rentré chez moi.

Ci-dessous le dépouillement de l’enregistrement du Polar (cliquer sur l’image pour l’afficher en grand format) avec FC en rouge (échelle de gauche) et l’allure en bleu (échelle de droite en log.). Lorsque l’allure plonge c’est que je suis au ravito. On perçoit la politique de Stop and Go lors des premiers kilomètres lorsqu’il faut slalomer ou freiner des 4 fers pour ne pas rentrer dans les coureurs.