LA PREPARATION
Samedi matin, je reste au lit jusqu’à 10 heures. J’y retourne à 14 heures pour une petite sieste de 1h30 qui ressemble plus à de l’assoupissement qu’à autre chose.
Départ en voiture de Lyon pour Saint-Etienne à 17h30. Je suis accompagné de ma femme et de ma belle-mère. Il est hors de question pour moi de prendre le volant. Il pleut, la visibilité est très mauvaise et la conduite de la voiture requiert une grande attention et énergie que je n’ai pas envie de fournir avant le départ de la course. C’est donc ma femme qui s’y colle gentiment. J’essaie de fermer les yeux et de me reposer sur le siège passager. Impossible de me détendre réellement.
Arrivé au Halle des expositions à 18 heures 30 environ : aucune file d’attente pour le retrait du dossard. Numéro 662.
Une fois l’enveloppe avec tout le matériel en main, direction Villars à une dizaine de minute en voiture pour rejoindre de la famille (Yves et Fred) pour le dîner.
Leur maison est très agréable et c’est un privilège de se réchauffer près d’une cheminée plutôt que d’attendre le départ dans la Halle des expos. En ce qui me concerne le repas sera composé d’un plat de pâtes avec une cuillérée d’huile d’olive.
21 heures : Tentative de faire une petite sieste ou tout du moins de s’assoupir sur un canapé du bureau. En fait je sens l’adrénaline qui commence à monter. Plus j’essaie de me détendre et plus je sens mes pulsations cardiaques augmenter…comme pour me contrarier.
21 heures 30 : C’est le moment de se changer. Il pleut toujours. Je suis résolu à partir avec la troisième couche imperméabilisée en Gore Tex. Je me sens moyen en forme, un peu mou. Physiquement cela va pas mal, en fait je ne me sens pas déborder d’énergie, un peu comme si j’étais branché à un moteur diesel.
22 heures 15 : ma femme et ma belle-mère me laissent et repartent sur Lyon. Rendez-vous est pris pour qu’elles soient sur le parcours à Sainte-Foy-lès-Lyon pour un « changement des pneus au stand » (c’est-à-dire les chaussures) aux alentours des 7 heures du mat. Si tout va bien.
22 heures 45 : Yves, Fred et leur deux ‘tit bouts de choux m’accompagnent pour le départ.
23 heures : Innovation pour cette année. Le speaker invite tous les coureurs à se regrouper pour aller se positionner devant le stade de Geoffroy Guichard. Il faut environ 15 minutes pour atteindre l’aire de départ devant le stade. La pression monte petit à petit. Il pleut encore et toujours même si ce n’est qu’une pluie très fine.
Minuit : Enfin les fauves sont lâchés. Plus de 4000 coureurs du raid individuel s’élancent tel un gros peloton bien compact sur la route bitumée en direction de Sorbiers (première commune juxtaposée à St Etienne)
J’ai toujours d’étranges sensations –mauvaises – lors de mes premiers kilomètres de course et cette épreuve n’échappe pas à la règle. Toute l’année j’ai couru avec des chaussures très légères (Saucony Kinvara) et le fait de battre le bitume avec des Asics Trabuco GTX est assez désagréable. Au bout de 1000 mètres j’ai déjà les mollets qui commencent à chauffer. Vivement les sentiers et le dénivelé pour changer de rythme ! Cette traversée de Saint-Etienne, outre le fait qu’elle ne présente pas beaucoup d’intérêt au niveau esthétique et visuel s’avère un peu pénible. Vient assez vite la toute première difficulté avec la montée sur Sorbiers qui se négocie assez bien.
Et puis très vite on attaque les portions de sentier juste après le 8ièm km. Je commence enfin à me sentir en jambe grâce à la succession de marche rapide lorsque le degré de la pente est vraiment très fort puis le rythme de course sur les faux plats. Je vais commencer à prendre un gel Mule Bar ou du nougat ou du sucre selon le rythme prévu à savoir toutes les 45 minutes.
Ca y est, on vient de quitter le monde urbain et son bitume pour être propulsé, enfin, au cœur de la SaintéLyon. J’ai enfin la réponse à la question que je me pose depuis 48 heures : dans quel état sont les sentiers de terre étant donné les précipitations qui se sont abattues depuis jeudi ?
Et bien ils sont complètement boueux et glissants et je me félicite d’avoir choisi mes Trabuco, limite j’exulte d’avoir fait cet excellent choix !
Mon état de forme : sur les sentiers je suis dans mon élément. Je me sens très bien. J’arrive à négocier particulièrement bien les légères descentes très glissantes, l’accroche des chaussures est exceptionnelle et en fait cela m’amuse.
Et très vite, arrive Saint Christo en Jarrez pour le premier ravitaillement (et premier pointage chrono officiel)
Premier pointage à Saint Christo-en-Jarrez au Km 16
Chrono depuis départ : 1h38
Classement : 1021
Allure de la portion : 6.08 min/km
J’arrive à St Christo avec 15 minutes d’avance par rapport à l’année précédente. Alors oui, on peut clairement dire que le terrain est beaucoup moins difficile cette année. Il est très net que la neige l’année dernière nous faisait perdre un temps substantiel. Et au fait ? Il ne pleut plus ! Je ne m’en suis même pas aperçu !
Je ne reste pas très longtemps au ravitaillement (à peine 30 secondes). Je ne ressens aucunement le besoin de souffler. Et comme je suis chaud je poursuis le chemin.
On attaque une nouvelle pente, c’est assez sévère. On se remet à marcher. Je me sens très très bien. On a toujours des successions de belles montées à fort degré où l’on se met à marcher rapidement et des légères descentes, avec un sol très gras et boueux, qui nécessite une grande attention et surtout une bonne visibilité (merci à ma lampe Petzl Myo RXP). Les descentes sont pour moi l’occasion d’accélérer à fond et de doubler pas mal de coureurs. C’est dans cette partie que nous observons le plus beaux des points vue de la SaintéLyon, où nous apercevons la procession de lumières des coureurs devant nous et derrière nous à plus d’un kilomètre. Et nous arrivons à Moreau, point de passage qui avait été supprimé l’année dernière pour cause de congères (source : Endurance Trail spécial STL remis avec le dossard).
Envoie d’un SMS sous l’effet de l’euphorie à 1h42 à l’attention de ma femme : »Le pied ! »
Deuxième pointage à Moreau au Km 22
Chrono depuis départ : 2h21
Classement : 901
Gain de places : 120
Allure de la portion : 7.09 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.25 min/km (perte de 0.17 min/km)
Espace très exigüe où je ne remarque qu’une tente pour les services de secours et une autre pour boire ; Je n’en ai pas besoin car ma poche à eau a été remplie à 1.5 litre. J’ai juste besoin de reconfigurer mon sac pour sortir les Fuel Mule Bar du sac à dos vers les poches situées sur le devant. Et comme j’ai la pêche je veux repartir très vite.
C’est parti pour Sainte Catherine. Encore une montée qui nous mènera au point culminant. Puis vient la descente sur Sainte Catherine sur un sentier très technique et glissant. Et là je vais ressentir une des plus grandes émotions de ma course. Cela nécessite une très grande concentration pour éviter tous les pièges, ne pas glisser. Trois personnes devant moi coup sur coup tomberont par terre en moins de 10 minutes. « Cela va ? » « Oui, merci ! ». Quant à moi je m’envole sur les descentes. Un vraie bonheur, comme l’année dernière sur la même partie du parcours.
Envoie d’un SMS à l’attention de ma femme à 2h45 : « je cartonne… »
Et nous voici à Sainte Catherine, je n’ai pas vu le temps passer.
Troisième pointage à Sainte Catherine au Km 28
Chrono depuis départ : 2h57
Classement : 904
Perte de places : 3
Allure de la portion : 6.08 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.21 min/km (gain de 0.03 min/km)
Pour rappel, l’année dernière avec les conditions exceptionnelles de neige j’étais arrivé à Ste. Catherine à 3h26 du matin. Oui, je confirme à Doune, cette année le terrain nous permet d’être plus rapide.
Je ne reste pas longtemps. Je ne prends toujours rien au ravito, de toute manière je suis autonome aussi bien du point de vue nourriture que boisson (enfin presque). C’est reparti illico presto.
Et là c’est la surprise quand même. Je ressens un bon coup de mou lors de la montée. C’est une grosse frayeur, je ressens une vraie baisse d’énergie qui me rappelle le burn out du marathon de Paris. Cette sensation qu’on te débranche la batterie et qui te force à marcher. Je me calme, décide de trotter et d’avancer l’assimilation d’une demi barre de Fuel Mule Bar de 30 minutes (alors que j’ai un timing précis pour manger ; toutes les 45 minutes !). Je marche dans la montée puis arrive la descente en direction du Bois d’Arfeuil. Et là je me refais une santé ! La pente du bois d’Arfeuil est forte, les obstacles (grosses pierres) nombreux et je me mets à sauter comme un cabri. C’est dans ces moments que je mesure à quel point la PPG et les exercices de gainages sont importants. Je sens que les abdominaux sont fortement sollicités. Je laisse la gravité me faire avancer, me laisser tomber et je fais en sorte de ne pas freiner avec les jambes. Ce sont les muscles du haut du corps qui me permettent de rester d’aplomb en équilibre et de ne pas glisser. Je double un nombre important de coureurs en difficulté sur cette partie de la course.
Mais la forte montée en direction de Saint Genoux me mine un peu. J’ai la sensation d’avoir laissé un peu trop de jus dans « l’éclate » du Bois d’Arfeuil. Je me remets à marcher. Le ravito se fait attendre, le temps passe lentement désormais. Enfin, nous arrivons à Saint Genoux.
Envoie d’un SMS à l’attention de ma femme à 3h52 beaucoup moins enthousiaste : « C’est là que tout commence ! »
Quatrième pointage à Saint Genoux au Km 37
Chrono depuis départ : 4h05
Classement : 714
Gain de places : 190
Allure de la portion : 7.30 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.38 min/km (perte de 0.17 min/km)
Bon et bien je me sens quand même bien entamé. Il y a beaucoup de public dans ce coin. On contourne un petit terrain de sport avant d’entrer au ravito. Je n’y fais que passer. Je réaménage rapidement mon sac. Et on attaque une montée qui est très rude et là je sens bien que cela va être très très difficile. Je me mets à marcher. Après cette forte pente nous commençons à initier la descente vers Lyon. Cette descente en direction du prochain stop de Soucieux est assez monotone et je commence à souffrir très sensiblement. C’est simple, je n’arrive plus à faire monter mes pulsations cardiaques. Je ressens un vrai vide énergétique. Pourtant je mange mes barres qui d’ailleurs commencent à bien m’écœurer. Je dois fournir un vrai effort de la volonté pour me mettre à courir alors que jusqu’à Sainte Catherine j’étais sur un tapis volant, comme si courir était jusqu’alors un réflexe conditionné… et bien maintenant il faut que je me concentre et « me forcer » à courir, et cela me pompe une grosse énergie.
Finalement à quelques kilomètres de Soucieu je ressens un retour en grâce, j’arrive à pédaler un peu mieux… et voici l’avant dernier ravito 1 heure après avoir quitté St Genoux.
Cinquième pointage à Soucieu en Jarrez au Km 46
Chrono depuis départ : 5h04
Classement : 686
Gain de places : 28
Allure de la portion : 6.31 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.37 min/km (gain de 0.01 min/km)
Je m’arrête plus longtemps à ce ravito que j’attendais telle une oasis. En effet, je ne peux plus du tout manger de sucre, je suis écœuré. En revanche j’ai une envie de salée. Et il y a des tranches de saucissons sur lesquelles je me jette. Cela fait un bien fou. Et c’est reparti pour ce qui sera un chemin de croix. Les jambes font très très mal au moment du redémarrage, oui il est coutume de dire que la SaintéLyon commence à Soucieux et bien pour moi la pêche et la forme s’achèvent là. Je repars en claudiquant avec les tendons de mes ischio jambiers en feu.
Bientôt un panneau nous indique qu’il reste 20 Kms à courir. Pour moi cela signifie qu’il reste 10 kms d’ici Sainte-Foy-lès-Lyon où je serai en famille, une première étape importante avant la fin de l’épreuve.
La suite est une succession de marches et de petits trots. J’attends le moindre faux plat pour arrêter de courir et reprendre des forces en marchant. Je reçois régulièrement des SMS de mon père me faisant la récapitulation de mes temps de passage et classements qu’il vient de consulter sur internet. SMS de mon père reçu à 5h32 : « Arrivée probable 8 h … ça roule ! »
Sauf que non, cela roule plus du tout ! Je suis COMPLETEMENT A-MOR-TI.
Il y a des descentes assez rudes également et là il n’est plus question pour moi de faire le malin avec mes muscles du haut du corps car je m’aperçois que dans cet exercice les muscles des jambes sont indispensables pour jouer au cabri…et les muscles de mes jambes m’ont dit STOP ! Paradoxalement j’attends les montées pour me mettre à marcher et constater aussi que les autres marchent comme moi. Les plats et descentes deviennent pour moi des épreuves où je dois faire des efforts pour ne pas être lâché par les autres coureurs. Car zut ! Il y en a qui ont encore du jus à en croire la vitesse à laquelle ils se mettent à me doubler. Passage à Chaponost, puis bientôt Sainte-Foy ou tout du moins au pied de la côte de Beaunant. Coup de fil à ma famille pour qu’elle se mette en marche pour mon ravito perso. et le changement des pneus au stand.
Sixième pointage à Beaunant au Km 58
Chrono depuis départ : 6h35
Classement : 662
Gain de places : 24
Allure de la portion : 7.38 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.49 min/km (perte de 0.12 min/km)
Je reste 30 secondes au ravito pour prendre deux verres d’eau, je suis assoiffé, c’est bizarre comme avec le temps et la fatigue on ne ressent même plus le besoin de boire le liquide de sa poche à eau.
Ca y est je suis au pied de la fameuse pente de Beaunant, chouette ! Je vais pouvoir me mettre à marcher encore sans culpabiliser ! C’est parti pour la grimpette qui tue. Coup de fil de ma femme qui est déjà au point de rendez vous. « Tu es bientôt arrivée ? … Ah bon tu marches !? » Euh oui comment te dire, tout le monde marche sur cette côte, enfin !!
En haut de la côte le long du cimetière et de l’hôpital, la pente est beaucoup moins rude et les coureurs se mettent à courir, zut alors !! Allez je me fais violence pour me remettre à trotter. Je vois ma famille : c’est parti pour le changement de chaussures, oui mais impossible pour moi de me pencher, j’ai besoin d’aide : changement de chaussette, de chaussures, et attention de bien récupérer la puce. Je laisse mon sac à dos aussi. On s’embrasse et c’est reparti. Temps total de l’arrêt au stand : environ 4 minutes mais beaucoup de coureurs m’auront dépassé durant cet intervalle.
Je ressens de drôle de sensations, et notamment de légèreté. Je suis remis en selle. On attaque la descente en direction des quais de Saône et là je mets le turbo. Une vraie bombe pendant les 2 kms qui longent une route. Des panneaux nous indiquent qu’il faut bien courir sur le trottoir, puis c’est chemin de Fontanières où mon beau père m’attends pour me saluer et me ravitailler en nougats « désolé, mais le sucré je ne peux plus ! ». Puis je le quitte et sur le bas de Chemin de Fontanières avant d’attaquer les tous derniers escaliers : Grosse douleur à l’extérieur du genou gauche à l’instar de l’année dernière. C’est l’arrêt brutal et net, je ne peux plus courir dans la descente sur les quelques centaines de mètres qui reste d’ici le Pont Kitchener. Je marche alors jusqu’au dernier point de contrôle dans Lyon.
Septième pointage à Lyon (quai de Saône après le Pont Kitchener) au Km 64
Chrono depuis départ : 7h25
Classement : 781
Perte de places : 119
Allure de la portion : 8.16 min/km
Allure cumul depuis le départ : 6.57 min/km (perte de 0.08 min/km)
Il reste 4 kilomètres, ce sont les plus difficiles de tout le parcours pour moi. C’est un vrai supplice d’antant que je sais que la barre des 8 heures c’est jouable si je cours…Mais pas du tout jouable si je me mets à marcher. Mon corps me hurle d’arrêter de courir, mes jambes me font un mal de chien. Je puise dans les tréfonds de mon corps une énergie que je n’ai plus. Je n’arrête pas d’être dépassé par des coureurs et je ne dépasserai plus jamais personne. Elle est loin cette confluence… Nous longeons le quai Charlemagne, qui s’écoule lentement lentement. Je suis contraint de marcher un peu tous les 100 mètres. Je vois au loin le Pont en fer de la Mulatière qui enjambe la Saône, trop loin… Et là je me dis très nettement, « Plus jamais je ne courrai la SaintéLyon, plus jamais, qu’on ne m’y reprenne plus ! C’est ignoble de souffrir comme ça ! »
Et puis la Confluence, enfin et un petit regain d’énergie, un petit rien qui fait que je vais courir jusqu’à la fin. Nous remontons le quai du Rhône, puis le Pont Pasteur, cela dit je suis chez moi, j’ai l’habitude de courir lorsque je suis à Lyon sur ce Pont ainsi qu’à Gerland. C’est familier tout ça pour moi, cela me fait un bien fou. En quittant le Pont Pasteur un bénévole voyant la souffrance sur mon visage me lance, « tu es dans les 8 heures mon gars, c’est bien il reste 1.5 km à peine ! ». Ces 1.5 kms vont être pour moi un supplice, je n’arriverai pas à accélérer et je suis résigné…ce n’est pas grave si je fais 8 heures et un peu plus, c’est déjà pas mal comme perf. Tant pis, je suis content…Nous somme dans le parc de Gerland que je connais comme ma poche sauf qu’en général c’est mon parcours d’échauffement où je suis tout fringuant, avant d’aller en direction du Parc de la Tête d’Or. Et là je suis une vraie carpette. Il reste 500 mètres. Les coureurs autour de moi se mettent à accélérer. Comment font-ils ? Je ne pourrai pas, je continue mon train de sénateur. Ca y est cela s’approche. Laetitia est là pour m’encourager dans les derniers 50 mètres. J’entre dans le Palais des Sports, c’est fini, c’est gagné. Je pense avoir fait 8 h 2 minutes. Je ne saurai que 1 heure plus tard sur internet que mon temps est de 7 h 59 min 8 secondes (soit une allure de 7.03 min/km depuis le départ) avec 39 places de perdues sur la dernière partie (soit 820 ieme).
Juste après la ligne d’arrivé je fonds en larme, un trop plein d’émotion qui déborde. Bon sang que cela fait du bien.
Je croise Julien qui a fait un temps canon. Les larmes continuent à couler. Je le mets un peu dans l’embarras. Il me demande si ma famille est là…oui elle est là.
30 minutes après on est de retour « à la maison » sur la pente de Sainte-Foy avec vue au loin là bas, au-delà de Saône et Rhône le dôme du palais des sports de Gerland.
Elle me plaît cette course, j’attends le bordereau de réinscription avec impatience.
QUELQUES CHIFFRES / COMMENTAIRES PELE MELE :
- 4626 coureurs au premier ravito / 4096 à l’arrivée => taux d’abandon de 11%
- Classement perso. : 820 ième position au scratch au finish parmi 4096 coureurs à la fin donc dans les 20% au scratch, je termine de facto dans le « FirstQuartile » (on ne connaît pas le nombre de coureurs au départ officiellement)
- Dans ma catégorie SH : mon classement 438ième sur 1750 à l’arrivée soit dans les 25%…tout juste dans le « FirstQuartile » 😉
- Courir en moins de 8h30 c’est la SAINTE DE BRONZE…pour la SAINTE d’ARGENT il faudra faire en dessous des 7h30.
- 20% des coureurs ayant terminé ont fait moins de 8 heures cette année contre 15% l’année dernière mais le taux d’abandon en 2010 avait été de 27%
- 201 places de gagnées entre le premier ravito et la finish line avec un pic de 359 places gagnées à Beaunant
- Les Trabuco GTX indispensables pour ce type de sentiers boueux
- Le changement de running à Sainte-Foy pour des Kinvara Saucony (donc un changement d’appuis pour un organisme qui a été fortement sollicité), est-ce vraiment une bonne idée ?
- J’aurai bu environ 1.7 litres d’eau en tout (assez, pas assez ?)
- ½ barre de Fuel Mule Bar ou sucre ou Gel Mule Bar toutes les 45 minutes c’est pas mal mais au bout de 6 heures, l’organisme n’en peut plus.
- Une course où l’on alterne entre euphorie et désespoir, mais c’est le lot de tous les trails non ?
- Pour la frontale, impérativement 140 lumens pour moi surtout dans les sentiers super techniques (descente sur St Catherine, bois d’Arfeuil)
- Je m’éclate dans les descentes, un très gros point fort pour moi, bonne proprioception au niveau de mes chevilles, je n’ai jamais dérapé « ni ripé »
- Le gainage et le travail des abdos c’est essentiel pour lâcher les chevaux dans les descentes
- Je n’avais aucun plan de course
- A partir de Soucieu commencent les soucis (OK elle est facile celle-là)
- Lisez les comptes rendus de course de Tercan, Julien, Noob coureur, Greg runner, Djailla, Noostromo,…
Un objectif de 7h45 pour l’année prochaine ? Chiche !
Quel feuilleton! Tu es passé par tous les états et cela ajoute encore a mon envie de découvrir cette course. Bravo pour tes 7:59 qui couronnent tes efforts et ton calvaire finale. BRAVO!!!
Merci c’est sympa. Mais au-delà du chrono qui donne de la satisfaction c’est surtout cette formidable aventure vécue qui est gratifiante.
très intéressant ton récit
j’ai le même type de « protocole hydration /alim », d’ailleurs j’ai aussi l’écoeurement aux mulebar qui peut arrive, j’essaye comme toi de prendre un peu de salé au ravito.
pour les chaussures, je cours aussi en Kinvara, du coup j’ai utilisé avec bonheur les saucony peregrine pour cette santélyon, je voulais éviter d’utiliser mes gros sabots trabucco 😉
Pour être franc, je me suis inspiré de TON protocole de nutrition pour le rythme des 45 minutes n’ayant personnellement aucun autre repère préétabli 🙂
Les Trabuco, pour les sentiers c’était parfait. Peut être que les Peregrine me permettraient d’éviter le changement de chaussures au stand pour les Kinvara à 11 kms de la fin. Je les avais cherchées à NY en vain…
Super récit, merci de le partager !
Coté hydratation, j’étais à 4 litres (soit 1/2 litre par heure). Souvent les coups de pompes viennent d’une déshydratation, essaye peut-être de boire un peu plus ?
En tout cas, on à vécu la même course : dur de se mettre dedans au départ, facile ensuite puis difficulté qui commence vers Soucieux, suivi de calvaire sur la fin suivi de… < 8h 🙂
"Un objectif de 7h45 pour l’année prochaine ? Chiche !"… ça ça me plait 😉
C’est pour moi une vraie question l’hydratation. J’étais extrêmement surpris de constater qu’en général les coureurs boivent beaucoup plus que moi. J’évite de trop boire car les « arrêts pipi » me gonflent, c’est peut être un très mauvais calcul de ma part.
Top là pour les moins de 7h45 😉
Super CR, j’ai adoré !
Je note deux chose, la première c’est l’effet pitstop perso, avec chaussures, chaussettes &co ca semble redoutablement efficace, la seconde c’est les 4derniers kilo …n’ayant jamais couru la STL je ne comprends pas la difficulté, mais je te fait confiance ça à l’air bien rude comme portion.
L’arrêt au stand perso pour chausser mes Kinvara a été très efficace sur la descente où j’ai « bombardé »…jusqu’à un certain point puisqu’une vive douleur au genou est intervenue. Impossible pour moi de dire si cela vient du changement de chaussures. Quant aux derniers Kms : absolument aucune difficulté en soi, c’est juste que mon organisme était arrivé à bout.
si tu savais le nombre de fois où pendant mes sorties d’entrainement je me suis arraché pour ne pas les subir ces derniers kilomètres sur les quais…
J’imagine ! Je ne sais pas en fait ce qui me manque pour bien finir. Tu sais à quel point je ne suis pas un adepte des sorties longues… 🙂
Superbe CR !! Détaillé et très instructif ! On sent bien celui qui en veut !! Et bravo d’être passé sous la barre des 8h !!
J’ai bien aimé « le plus jamais la saintelyon » pour terminer par « j’attends le bordereau de réinscription avec impatience » !! Comme quoi, l’esprit humain ne retiens que les bons moments et c’est là l’essentiel !!
Bonne récup !
Merci Maya ! En fait je suis surpris de la vitesse avec laquelle notre esprit gomme les moments de souffrance. Heureusement d’ailleurs pour notre survie… S’il restait une forte empreinte en nous de la douleur et de la souffrance suite à une sortie au dehors de notre caverne, on n’oserait plus sortir de celle-ci.
C’est fou, je sais que j’ai souffert mais « je ne m’en rappelle plus » vraiment…le souvenir s’émousse très vite.
Et c’est tant mieux.
Super CR très bien détaillé, tu a bien su gérer ta course.
Pour tes prochaines course longue, pense à plus t’hydrater et tu verra que tu aura moins de coup de mou.
Oui j’ai été extrêmement surpris de voir dans les autres CR que les coureurs buvaient jusqu’à 4 litres durant l’épreuve…je suis très surpris c’est pas possible ils sont toujours obligé d’aller faire des stops ;-))
Mais sérieusement il est vrai que je me contrôle pour ne pas trop boire de peur d’être contraint de faire des stops justement…. Je ne sais pas dans quel mesure cela peut me porter préjudice…
Au ravito de Beaunant très clairement je ressentais tout d’un coup une vraie déshydratation.
Détrompes toi 🙂
4.1 litre pour ma part et seulement 2 pipi (que je fais en marchant en montée : redoutable d’efficacité :))
Bravo encore une fois pour cette belle aventure et ce récit.
On s’y croirait 😉
Mais plus je lis des compte rendu, plus j’ai l’impression de manger comme quatre quand je cours.
Coté boisson, je n’ai pas de suivi précis (camelback 1,5L de boisoon iso vidé sur al course + 2 bidons de 0.5L remplis aux ravitos)
J’ai bien du boire 4 ou 5 L, et manger l’équivalent d’une banane à chaque ravito (hors premier et derniers zappés), 5 gels, 1 barre de céréales, 3 ou 4 pâtes d’amandes…
Et sur la fin, le caviar du trailleur : une ou deux poignées de rondelles de saucisson !!!
Par contre je n’ai fait aucune ppg et je suis loin d’avoir des tablettes de chocolat (nutella inside!)
… mais j’ai fait beaucoup de descentes en forêt pendant ma prépa et j’ai passé mon temps à doubler en descente.
Et surtout des sorties longues… et des fractions d’ema longues… je suis persuadé que ça facilite le finish 🙂
Et tu es peut-être parti un poil vite : tu arrives 5′ avant moi au Saint Catherine alors que je trouve ma première partie trop rapide (j’ai tout fait pour freiner mon pote – on visait 3h10 ici pour un final en dessous de 8h)
Donc l’année prochaine, ce sera avec plan de course, et en 7h30 ou rien !
C’est bien possible concernant le départ trop rapide. Je n’ai aucune réponse sur ce point, que des questions. Hello la science on a besoin de vos lumières !!!!!
Concernant la nutrition j’ai mangé autant que toi si ce n’est plus puisque je mangeais toutes les 45 minutes soit un gel soit un demi Fuel Mule Bar soit l’équivalent de 3 sucres non raffinés (radhapurra), puis à Soucieu deux belles poignées de saucisson ; miam !!
Ton entrainement était manifestement plus optimal, la preuve. Cela dit j’insiste à dire que pour moi je ne suis pas certain que les grandes SL soient ce qui me convient le mieux. Ah comme je suis têtu comme garçon !!
Bravo pour ton récit, tu me donnes envie de faire cette course (une tradition familiale à assumer, mon père l’a fait 2 ou 3 fois). Pourquoi pas la SaintExpress pour débuter !?!?!
Alors Sylvain c’est impératif. Oui il faut la faire tu ne le regretteras pas : que des émotions à gagner !
Et la Saintexpress est une très bonne entrée en la matière.
C’est marrant parce qu’un copain avec qui j’avais fait la STL l’an dernier disait qu’il était passé à Saint-Christo 8 minutes en retard par rapport à l’an dernier… étais-je parti trop vite ? 😀
Ensuite, je crois que tout le monde pête un cable avant l’arrivée sur les quais de saône, il commence à faire jour, t’as rien dormi de la nuit, tu as couru 60 kms…. les nerfs sont à vifs. Bizarrement, même si je voulais abandonné à l’arrivée, j’en garde un bon souvenir, celui d’être aller encore un peu plus loin dans mes limites « mentales » en course.
Concernant la boisson, je ne peux pas te dire, l’an dernier j’avais seulement bu 600 mL pendant la course, il faisait trop froid l’eau était à la limite du gel dans les bidons et mon corps ne réclamait pas d’eau… Du coup, se forcer à boire un truc gelé, j’ai fait sans !
Je crois que tu aurais cartonné cette année. On peut estimer à près de 20 minutes, minimum, le gain automatique de chrono VS l’année dernière étant donné les conditions climatiques favorables.
Il est vrai que les traileurs (les purs et durs comme toi et Tercan) considèrent que la Sainté est quand même une épreuve à part étant donné son côté assez roulant (pas vraiment de longues et fortes montées) ce qui pousse l’organisme à toujours devoir maintenir un certain niveau d’intensité.
Oui doune, on était clairement parti trop vite 🙂
Par contre le gain de temps de 20mn je suis pas trop sur de ça, car l’an dernier la neige nous permettait de bien plus envoyer en descente que cette année, j’ai d’ailleurs fait toute les descentes bien plus rapidement l’an dernier que cette année, pour un effort équivalent. Quand aux montées, entre la neige et la boue… pas sur d’y gagner au change.
Effectivement concernant les descentes je suis de ton avis on pouvait bien envoyer. Néanmoins c’est dans la partie bitume que la neige (ou glace) était vraiment handicapante je pense. En tous cas les chiffres d’abandon parlent d’eux même de même que le temps du coureur médian qui est bien meilleur cette année vs 2010.
Bravo pour la perf et le récit, ça me donne presque envie de m’inscrire l’année prochaine !
En souvenir d’un mémorable Burger d’après marathon à NY et au plaisir de recourir à nouveau ensemble, je suis sur que si tu continues comme ça tu vas affoler les chronos.
Allez fais toi plaisirs et inscris toi ! C’est un type d’épreuve que tu n’as jamais fait : ce n’est pas un marathon et pas vraiment un trail non plus…et en plus « la nuit, cela n’a rien à voir ! »….et en lien avec ce burger post marathon de NY ce serait bien que l’on puisse partager alors un mâchon lyonnais post SaintéLyon !!!
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Et bien, quelle galère cette seconde partie de course…
Donc, si j’ai bien compris, plus de Saintélyon jusqu’à la prochaine! 😉 Une sainté d’argent pour la prochaine?
En tout cas, un grand bravo et félicitations pour la perf! Moins de 8h, contrat rempli!
Plus de SaintéLyon même si j’y pense chaque jour !
Pour la Sainté d’Argent…un peu tôt pour y songer. On verra bien.
Merci à toi.
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Ton récit est très agréable à lire! J’ai même eu la sensation d’y être, sauf que forcément y être réellement et vivre ce que tu as vécu n’a rien à voir !
Je suis admirative de ce que tu as fait! Sans plan d’entraînement, c’est extraordinaire !! Il faut avoir une forte volonté et un mental en béton pour se préparer à vivre cette épreuve, et pour ensuite la vivre avec toutes les difficultés physiques et psychologiques que ça comprend.
Bravo pour ton temps, pour ton classement qui s’est nettement amélioré par rapport à l’année dernière et bravo surtout d’être allé jusqu’au bout malgré les messages que te lançaient les jambes d’arrêter! Tu as été plus fort qu’elles 🙂
Merci pour ton commentaire. Je n’ai pas à déployer beaucoup d’effort pour participer à cette course. Pour moi elle est attirante tout simplement, cela ne constitue pas pour moi une « épreuve ». Donc je n’ai pas particulièrement de mérite. Quant aux 2 derniers kms de calvaire, il est vrai que cela nécessite de puiser au fond de soi de l’énergie que l’on n’a plus, c’est tout de même très douloureux. Mais qu’est-ce que cela fait du bien quand on arrive au bout !
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